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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
17 février 2017

"Nuestro mundo muerto", de Liliana Colanzi (par Antonio Borrell)

9786078486076

 

 

Editions Almadia, Mexico, 2016, 130 pages

ISBN 978-607-8486-07-6

Liliana Colanzi est née à Santa Cruz en Bolivie en 1981, mais elle vit aux Etats Unis. Le Trapiche a déjà rendu compte d’un autre de ses livres, « Vacaciones permanentes ». (Elle est mariée à un autre écrivain bolivien, Edmundo Paz Soldàn.) Un bon nombre de ses textes ont déjà été traduits et publiés en anglais. Selon une note en fin de volume, « Nuestro mundo muerto » serait en cours de traduction et pourrait donc être disponible d’ici quelques mois chez un éditeur français.

 

« Nuestro mundo muerto » est un recueil de nouvelles dont certaines ont déjà été publiées par d’autres éditeurs dans d’autres pays. S’il fallait trouver des traits communs à ces nouvelles, le premier serait que la plupart flirtent avec le fantastique, voire avec la science-fiction pour le texte éponyme, ou bien plongent le lecteur dans des situations d’angoisse. Le second serait que bien des personnages souffrent de graves troubles psychologiques. Enfin on trouve dans les écrits de Liliana Colanzi une tension entre le monde « moderne et développé » où elle vit, les Etats Unis, et la Bolivie profonde où elle a grandi, celle des terres basses et chaudes de la région de Santa Cruz ou du Chaco, des haciendas et des indiens, du conservatisme, des superstitions et des secrets de famille peu reluisants… Avec ces deux sources d’inspiration, Liliana Colanzi construit une œuvre très originale et prometteuse dans laquelle des personnages féminins, loin des clichés, tiennent toute leur place. On attend son grand roman avec impatience, car certaines nouvelles mériteraient d’être développées.

Dans « El Ojo », la protagoniste est une jeune femme qui entretient une relation pathologique avec sa mère, on croit deviner qu’elle est un enfant non désiré, et qui se sent constamment sous le regard oppressant d’un « œil », « Alfredito » raconte la mort d’un enfant vue par ses camarades de classe. « La Ola » raconte l’histoire d’une jeune femme ressemblant peut-être à l’auteur, bolivienne et doctorante dans le nord-est des Etats-Unis, ayant fui une famille a problèmes. Elle a le sentiment de vivre sous l’influence d’une onde de nature assez mystérieuse ayant à voir avec ses aspirations littéraires. Elle doit un jour rentrer au pays en raison d’un nouveau drame familial…

« Meteorito » est un des meilleurs textes de ce livre : Sous l’effet de médicaments qui doivent lui faire perdre du poids, un propriétaire d’hacienda dans la brousse bolivienne est pris d’insomnies et d’angoisses, alors que pèse sur lui la probable mort d’un jeune péon indien…  « Canibal » entretient habilement le doute sur l’identité du narrateur. Dans « Chaco » le personnage se croit habité par l’esprit d’un vieil indien qu’il a peut-être tué d’un jet de pierre. « Nuestro mundo muerto » nous transporte sur Mars entre la vie et la mort. Enfin, « Cuento con pajaro » mériterait de devenir un roman.

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