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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
24 mars 2017

“La Novela del cuerpo”, de Rafael Courtoisie. (par Antonio Borrell)

LA-NOVELA-DEL-CUERPO-portada

 

Editorial HUM, Montevideo, 2015. 130 pages.

ISBN : 978-9974-720-12-1

 

Rafael Courtoisie est né à Montevideo en 1958. Il a fait des études scientifiques en chimie et mathématiques. Il est romancier, poète, essayiste, scénariste, journaliste et enseignant. Il a été professeur de diverses universités, tant en Uruguay qu’aux Etats Unis, et en Grande Bretagne. Il est membre de l’Académie des Lettres Uruguayennes. Sa poésie lui a valu de nombreux prix dans divers pays, de même que certaines de ses nouvelles, et des romans. Une partie de ses œuvres ont été traduites en anglais, français, italien, roumain, turc… En France son roman « Saint Remède » est publié aux éditions L’Atinoir.

 

Malgré son titre, ce livre n’est pas tout à fait un roman. Bien malin celui qui pourrait classer cet ouvrage qui tient aussi du recueil de micro fictions, ou de scènes de théâtre, et même de l’essai sur la marchandisation du corps, naturel ou artificiel, entier ou en pièces détachées, à des fins de confort, de sante, ou d’esthétique, et l’on sait que la chirurgie esthétique est une véritable industrie en Amérique latine. Un thème très sérieux traité avec beaucoup d’humour, entre ironie, dérision, loufoquerie et guignol. Et une légère touche de science-fiction.

C’est ainsi qu’on assiste, en « hors d’œuvre » au légendaire banquet cannibale qui fonde l’histoire de l’Uruguay moderne, le démembrement et la dévoration du découvreur du Rio de La Plata, l’espagnol Juan Diaz de Solis tombé aux mains d’une tribu indigène. Le tout avec un luxe de détails aussi terrifiants qu’hilarants. Plus loin, c’est à Luis Suarez, célèbre footballeur uruguayen « aux dents longues » que l’auteur règle son compte.

La plupart des protagonistes des nombreuses scènes dialoguées n’ont pas de nom, ils ne sont qu’un corps, un corps malade ou imparfait à leur gout, un corps en détresse, à la recherche d’un miracle qui ne peut s’obtenir qu’au prix fort. Le « personnage » le plus important du roman est une « personne morale » c’est-à-dire une entreprise, nommée « Mercado del Cuerpo », qui se distingue par son professionnalisme et sa déontologie à toute épreuve, et la froide amabilité de ses vendeurs.

Que vous vouliez apprendre le chinois grâce a une greffe de cerveau, que vous recherchiez un sexe plus impressionnant, ou des seins, un pancréas ou un foie artificiel ou cloné (ce n’est pas le même tarif) ou un intestin efficace vous libérant de la constipation chronique, « Mercado del Cuerpo » vous propose sa gamme de solutions, au comptant ou à crédit, acceptant même les hypothèques sur votre voiture ou votre maison.

On aurait bien tort de s’en priver !

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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