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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
20 août 2017

“Un canto en los dientes”, d’Iván Carrasco Montesinos. (par Antonio Borrell)

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Editorial Cáñamo, Barcelone, Espagne, 2001, 175 pages.

ISBN : 84-931026-2-8

Ivan Carrasco Montesinos, écrivain et peintre équatorien, né à Cuenca en 1951dans une famille aisée, réside à Terrassa en Catalogne depuis de longues années. Devenu bachelier a 18 ans,  il a d’abord  voulu vivre aux Etats Unis mais au bout de quelques mois la déception est telle qu’il retourne dans son pays natal pour y faire des études d’architecture, de peinture et de musique. Apres quoi il émigre vers l’Europe et se consacre surtout à la peinture. Dans les années 80 il publie ses premiers textes dans diverses revues, fanzines et recueils collectifs. En 1992 son premier recueil « Relatos de atrás » est publié en Equateur, et en 1996 « Las muertes inevitables » autre recueil de nouvelles est édité en Espagne. Il participe régulièrement a la revue « Cáñamo » qui milite en faveur de la libéralisation du cannabis. C’est donc la maison d’édition « Cáñamo » qui publie en 2001 le recueil « Un canto en los dientes ».  Par ailleurs certains de ses textes sont disponibles en français sous forme numérique pour liseuse Kindle.

Ce livre est composé de trois longues nouvelles, trois récits initiatiques, qui correspondent à trois âges de la vie. La narration à la première personne donne une forte impression d’autobiographie.

« Amores y un chamàn » évoque un épisode d’enfance mêlant vert paradis, amours enfantines et tragédies avec une certaine dose d’humour noir. Le narrateur est benjamin d’une fratrie, que ses ainés prennent de très haut. Vivant dans une petite ville de province en Equateur, Cuenca, à une époque où il y a encore peu d’automobiles, la famille part pour de longues vacances d’été dans son hacienda. Parents, frères, sœurs, cousins, cousines font le voyage à cheval, et peu avant d’arriver un des jeunes cousins tombe de sa monture,  roule dans le ravin, et meurt sur le coup. Quelques temps plus tard, lors d’une partie de chasse un cousin tue accidentellement un des frères d’un coup de carabine. Malgré ces drames le petit garçon vit ces vacances andines comme une idylle avec une cousine de son âge.  Les jeux dans la nature, les bains nus dans les torrents glaces de montagne, les chiens, les chevaux font leur bonheur, ainsi que l’amitié du guérisseur indien de l’hacienda, el Cashi. Mais les vacances idylliques auront une fin…

Dans la seconde nouvelle, « Cuando a mi pueblo llegó », un groupe d’adolescents et de jeunes étudiants est livré à l’oisiveté par la fermeture des universités par un président autoritaire du début des années 1970 qui leur reproche d’être des foyers de subversion. Trainant leur ennui dans les rues et parcs de Cuenca, ils commencent à fumer divers produits, puis rencontrent un « hippy » récemment revenu des Etats-Unis qui les initie aux buvards de LSD. Ensuite c’est un cactus du plus fameux parc de la ville, puis des champignons des campagnes environnantes qui leur permettront de poursuivre leurs voyages hallucinés. Plus tard divers sorciers indigènes des contrées chaudes du sud de l’Equateur les conduiront encore plus loin. Mais dans cette société encore très conservatrice, ces jeunes gens à la dérive doivent subir les pressions familiales, et surtout une brutale répression policière.

Enfin dans « Europa » le narrateur quitte son pays et sa société étouffante pour jouir de la liberté des démocraties plus ou moins avancées du vieux continent. Débarquant avec un maigre pécule et de grandes illusions, il espère devenir écrivain. Il connaitra, la faim, la solitude et la rue, quelques « aventuras y andanzas » picaresques, quelques cruelles déceptions et quelques émerveillements, comme la découverte des couleurs de l’automne, ou le contact de la neige qu’il ne connaissait que de loin sur les volcans des Andes.

Dans l’ensemble des trois textes l’écriture est maitrisée, l’auteur joue sur les émotions et la révolte sans jamais se départir d’une certaine ironie et l’abondance de détails et d’équatorianismes nous plongent vraiment dans cette atmosphère de l’Equateur des années 1970, où il ne faisait pas bon avoir vingt ans.

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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