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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
6 juillet 2018

« No soñarás flores », de Fernanda Trías (par Laurence Holvoet)

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Editorial HUM, Montevideo, 2017, 144 pages.  

ISBN: 978-9974-720-63-3

Auteur cosmopolite et polyglotte, Fernanda Trias est née à Montevideo en 1976. Elle vit aujourd’hui en Colombie où elle est enseignante universitaire, après avoir séjourné notamment en Argentine, en France (boursière de l’UNESCO en 2004), en Allemagne, aux Etats Unis, au Chili… Ses textes ont été publiés dans divers pays hispaniques : « Cuaderno para un solo ojo », « La azotea » y le recueil de nouvelles « El regreso ». Pour “La azotea” elle a reçu le troisième Prix national de Littérature en Uruguay en 2002. « La Ciudad invencible » a déjà été publié en 2013 et 2014 (Espagne et Chili) avant de l’être en Uruguay en 2015. 

 

« No soñarás flores » est un recueil de nouvelles d’abord paru en 2016 chez Laguna Libros en Colombie et puis cher HUM en Uruguay à la fin de l’année dernière. Il m’est parvenu en direct de Montevideo, dédicacé ! J’en ai été très touchée. Mais c’est en arrivant au dernier texte - une nouvelle qui a donné son titre au recueil -  que tout s’est éclairé !

Lorsque j’ai lu la première phrase, « Esta mañana a primera hora compré dos tubos de cinta adhesiva, una tijera y una birome que se desliza rápido por el papel satinado del cuaderno. », j’ai pensé que ces mots me disaient vraiment quelque chose et c’était étrange parce que j’étais bien sûre de ne pas avoir déjà ouvert ces pages-là ! J’ai relu et puis j’ai eu un doute. Je suis allée farfouiller dans les répertoires de mon ordinateur à la recherche d’un texte que j’ai traduit à la fin de l’été dernier pour l’anthologie bilingue de nouvelles uruguayennes à paraître très bientôt aux éditions L’atinoir. Ce texte s’intitulait « Aquel lugar » mais c’était bien le même ! Seul le titre avait changé… « No soñarás flores » Les farceurs !

Donc, voilà. Vous l’avez compris, j’ai déjà eu le plaisir de lire, de relire, de relire et de relire encore, au moins un texte de Fernanda : je l’ai traduit ! Et j’ai aimé ce que j’ai traduit. J’avais également lu « La ciudad invencible » et son ton bien particulier. Les nouvelles de « No soñaras flores » conservent ce ton, cette patte d’écriture. Chaque texte est une sorte de monologue, même si le narrateur n’est pas toujours le protagoniste. Dans chacune des huit nouvelles, c’est un point de vue particulier qui raconte, qui cherche à comprendre, à dénouer les nœuds de situations relationnelles souvent banales mais néanmoins complexes, envahissantes. Avec Fernanda Trías, on explore des thèmes tels que l’isolement, les difficultés liées à la perte, aux différents types de relations interpersonnelles. Elle nous parle aussi de dépendance, d’amitié, d’influence, de vie de couple à tous ses stades, et du temps qui passe. Il n’y a pas de final heureux… ni malheureux. Il nous reste un espace d’introspection. Les nouvelles, les fictions de Fernanda, parlent à notre âme, alors je suppose que chacun sera frappé par des passages très différents.

A titre d’exemple, voici l’une des phrases qui m’a marquée parce qu’elle fait profondément écho en moi :

« Hacía una semana, nomás, había bajado los tres pisos con la valija; tiró de ella hasta el subte, se sentó en el banco de metal y dejó pasar tres o cuatro trenes mientras el frío del banco empezaba a traspasarle el saco de piel y ella seguía llorando, no por tristeza, sino por la rabia de que sus ojos se obstinaran en mirar hacia el puente, esperando que él viniera a buscarla. »

Alors, dites, les éditeurs français, c’est le moment où jamais d’attraper les lecteurs zappeurs en leur offrant plus souvent de beaux et riches textes courts, non ? Une nouvelle par-ci, une nouvelle par-là, en guise de goûter,de pause, d’en-cas ou d’apéro, c’est bon, non ?! Et avec l’Amérique Latine contemporaine, nous n’avons que l’embarras du choix je crois !

SAM_7016

 

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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