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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
5 mars 2019

"Un montòn de espejos rotos" de Margarita Heinzen. (par Hélène Porcher)

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Ediciones de la Banda Oriental, Montevideo, 2018

ISBN :

 

Margarita Heinzen est née en 1960 à Paysandù dans le centre-ouest de l’Uruguay sur la rive du fleuve du même nom. Ingénieur-agronome de formation, elle a étudié en Uruguay, en Argentine et au Chili et exercé sa profession dans divers pays en Amérique latine et en Afrique. Elle est également enseignante à la Faculté d’Agronomie de Paysandù. Son activité littéraire aboutit à la publication de trois livres : « De las mujeres soles », Rumbo, 2011, puis « La urdimbre y la trama », Rumbo, 2014, sont des recueils de nouvelles, et son premier roman « Un montòn de espejos rotos » , Ediciones Banda Oriental, 2018, a reçu le prix narradores de la Banda Oriental. 

 

Après El Olvido que seremos de Hector Abad Faciolince, un vers de Borges vient une fois de plus inspirer le titre d'un roman sur la mémoire. (Cambridge : « Somos nuestra memoria, somos ese quimérico museo de formas inconstantes, ese montón de espejos rotos. »)

 La narratrice rassemble les fragments de ses souvenirs pour recomposer une année cruciale de sa jeunesse, l'année 1981, celle où elle a quitté son village pour entreprendre à Montevideo des études universitaires, celle où elle a découvert la camaraderie étudiante, le premier émoi amoureux, et surtout celle où elle a pris conscience de l'oppression d'une des pires dictatures militaires du monde.

S'enchâssent les anecdotes de la vie de tous les jours, les discussions politiques, les rappels d'une enfance protégée, les évènements historiques: répression, plébiscite, révoltes, complot avorté… Et, parfois,  surgit un témoignage anonyme relatant un aspect de la terreur quotidienne de ces années-là.

Ecrit avec une simplicité efficace et authentique, ce récit en forme de kaléïdoscope nous dévoile une période tragique de l'Histoire uruguayenne, nous révèle l'emprise de la terreur sur une société  éclatée, et nous montre également l'image d'une jeune fille déchirée entre aveuglement et lucidité, engagement et soumission, héroïsme et culpabilité. 

Ces miroirs brisés du souvenir, la narratrice les rassemble pour les transmettre à ses enfants, pour qu'ils sachent que la liberté insouciante dans laquelle ils vivent n'est pas une norme, mais une conquête toujours menacée.

Un très beau livre, poignant et qui sonne comme un rappel que la démocratie et la liberté ne sont jamais acquises. 

 

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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