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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
7 mars 2019

"Mi madre soñaba en francés", de Luis Hernán Castañeda. (par Jorge Cuba-Luque)

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Editorial

ISBN :

Luis Hernán Casteñeda est né au Pérou en 1982. Il a publié les romans Casa de Islandia (2004), Hotel Europa (2005), Fotografías de sala (2007), El chamán y la sacerdotisa (2007), El futuro de mi cuerpo (2010), La noche americana (2011), Viaje al norte del verano (2012), La fiesta del humo (2016).  

 

Il est difficile de dire quelle est la première qualité du roman Mi madre soñaba en francés (2018), car il y en plusieurs : la clarté et fluidité de son écriture, le ton désopilant de bon nombre de ses passages, la finesse dans d’autres moments, ou l’histoire elle-même. En tout cas son auteur, le Péruvien Luis Hernán Castañeda montre ici une grande capacité pour déployer une intrigue avec décontraction et intelligence narrative, autrement dit, une grande maturité dans son métier d’écrivain. 

 Le roman raconte l’histoire de Juan, ou plutôt c’est Juan qui la raconte, tout d’abord en rendant compte d’une récente révélation faite par sa mère. Un soir, quand elle était enceinte de lui, elle a failli se suicider. Elle voulait se faire écraser par une voiture en traversant, tard dans la nuit, une autoroute à Lima… Mais à cause l’heure tardive il y avait peu de voitures et la femme rentre chez elle en vie. Un épisode dramatique sans doute, et pour autant Luis Hernán Castañeda évite l’évoquer sur un ton grave et l’exprime de manière presque neutre « Esa mujer embarazada que era mi madre, aunque yo no sea más el bebé que ella llevaba en el vientre, decidió dar  media vuelta y regresar sobre sus pasos ». Et un peu plus loin Juan, le  narrateur, en profite pour parler de l’une de ses passions, l’apprentissage de langues.  

Ainsi, on peut voir Juan installé en Galicia, au nord-ouest de l’Espagne, plus ou moins amoureux de la jeune Estrela et suivant des cours d’allemand, français et portugais en ligne  devant son ordinateur. Un jour il reçoit un appel par Skype d’une tante, sœur de sa mère, résidant dans le Vermont, aux Etats Unis, où elle est mariée à un Américain et a trois enfants, dont une jeune étudiante en fac de Lettres, Stéphanie. 

Une fois Juan en Amérique le roman prend une tournure très drôle voire comique, notamment quand Luis Hernán Castañeda reproduit, séparément, les mails que s’envoient Stéphanie et la Canadienne Adler, une professeure de la fac, les deux jeunes femmes sont unies par une sorte d’amour, d’hystérie et de ridicule… Un écrivain simpliste aurait opté pour créer une histoire d’amour entre Juan et sa cousine mais Castañeda n’a rien de simpliste.  

Et les rêves en français de sa mère ? Et bien, suite à un accident la mère se trouve aussi dans le Vermont en convalescence, invitée par sa sœur. Par la suite, Juan découvrira petit à petit que sa mère, qu’il considérait comme peu cultivée et encore moins intéressée par les langues étrangères,  aimait la poésie et qui plus est, parlait français.  

 Mi madre soñaba en francés   nous présente l’histoire de Juan et l’itinéraire de sa délicieuse dérive, même si c’est une dérive plus o moins sous contrôle, c’est aussi le récit de sa solitude en compagnie ; enfin c’est l’histoire de la découverte de la face cachée de sa mère et sa sensibilité pour la poésie ainsi que pour la langue française. Pas de grandiloquence ni de gravité ; on a ici de la légèreté et de la simplicité, ce qui, en vérité, est un trompe-l’’œil car Luis Hernán Casteñeda cache son jeu en nous donnant un roman fin et riche autant par sa forme que par son contenu : une écriture irréprochable, des personnages attachants et des situations drôles, le tout présenté avec une douce ironie. 

 

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Commentaires
B
la couverture est belle ça donne envie de le lire ...👍👏💋
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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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