« Conversaciones con Mario Levrero », de Pablo Silva Olazábal. (par Antonio Borrell)
Editorial Criatura, Montevideo, 2018, 150 pages
ISBN : 978-9974-865-0-5
Pablo Silva Olazábal est un journaliste et critique littéraire et auteur uruguayen né en 1964 à Fray Bentos. Dans les années 70 sous la dictature « civico-militaire » ses parents s’exilent en Europe, et c’est à Madrid qu’il suit une formation d’enseignant. De retour en Uruguay à la fin de la dictature, il fait des études de communication. Il participe aussi à des ateliers d’écriture, dont ceux de Mario Levrero. Il est aujourd’hui animateur d’émissions radiophoniques culturelles et littéraires ainsi qu’organisateurs de rencontres et d’événements publics dans ces mêmes domaines. Personnage affable, érudit, avec un côté très « British », il est un incontournable de la vie littéraire uruguayenne.
Bibliographie : “La revolución postergada y otras infamias” (cuentos) Ediciones de la Balanza (2005) , “Entrar en el juego” (relatos) Yaugurú (2006) , “Conversaciones con Mario Levrero” Trilce (Montevideo, 2008). Luego impreso por Lolita Editores (Chile, 2012) et Conejos (Buenos Aires, 2013) , “La huida inútil de Violeto Parson” (novela) Dixi (2012) ,“Lo más lindo que hay” (cuentos) Ediciones Outsider (2015) , “Pensión de animales” (novela) Estuario (2015).
Le sujet central de ce livre est l’écrivain Mario Levrero (1940 - 2004) qui a exercé une expérience considérable sur toute une génération d’écrivains en Uruguay, surtout ceux qui sont aujourd’hui quadragénaires ou quinquagénaires. Certains ont été ses amis, comme Felipe Polleri, ou Pablo Casacuberta, ou bien ont participé à ses ateliers comme Fernanda Trias, Ramiro Sanchiz en a fait un personnage très présent dans ses oeuvres, et j’en passe… Pablo Silva Olazàbal fut lui aussi un assidu des ateliers de Levrero, ce qui lui donna l’occasion de longs échanges de courriers électroniques entre 2000 et 2004. Ces courriers ont été mis en forme pour servir de base à ce livre, avec l’accord de Levrero, mort subitement alors qu’une première version était déjà publiée dans la presse. « Les Lettres de mon Trapiche » a déjà publié trois chroniques sur des livres de Levrero, elles sont toujours consultables. Seulement deux de ses livres sont traduits en français : « J’en fais mon affaire » (Editions L’Arbre vengeur, 2012) et « Le discours vide » (Editions Noir sur Blanc, 2018). Toutefois cela pourrait changer car 15 ans après sa mort, certains prédisent pour Levrero , devenu un auteur culte, un succès mondial tant les traductions se multiplient dans diverses langues.
Une grosse moitié du livre de Pablo Silva est donc une longue interview épistolaire, un dialogue par voie électronique, portant sur l’écriture, la spontanéité, les techniques, le travail de correction, des commentaires sur des lectures ou sur des films. On y retrouve certaines obsessions de Levrero, l’inconscient, la télépathie, la parapsychologie, l’astrologie, sa passion pour le roman policier (Chandler, Hammett) et se dessine un portrait de celui qui vendit bien peu de livres de son vivant et fut aussi scénariste de BD, bouquiniste, concepteur de jeux et de mots croisés, entre autres nombreuses activités. Plutôt qu’un résumé, en voici quelques citations ou aphorismes.
« - Para escribir cada cual tiene que hacer sus propias reglas.
- Exactamente. Y si es posible, hacer las reglas después de escribir, como para no atarse ni siquiera a las propias reglas. »
«- Sì, la literatura tiene el don de generar culpa »
« -Pocas veces me tomo la poesía en serio; casi siempre voy para el lado de la burla, y realmente no tengo noción de lo que es poesía, salvo cuando surge naturalmente… »
« - Mas que yo, suena a superyo. Es la vocecita de mierda que tienen todos los escritores. »
« - … yo he pasado, y paso, años enteros sin escribir, y no me afecta para nada. Hay que escribir cuando se tiene necesidad. »
« - Escribir no es difícil, claro, no hay por qué complicarlo con teorías. »
« -La forma es el texto. »
Le dialogue s’arrête abruptement avec la mort de Levrero, mais une seconde moitié du livre présente d’autres articles et interviews qui complètent le portrait, ainsi que des notes biographiques. Le trapiche reparlera prochainement des oeuvres de Levrero comme de celles de Pablo Silva.