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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
4 février 2020

« Patria o muerte » d’Alberto Barrera Tyszka. (par Yves Rouvière)

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Editorial Tusquets, Barcelone, 2015, 240 pages

ISBN : 978-8490661925

 

Alberto Barrera Tiszka, né en 1960 à Caracas, scénariste, journaliste, auteur d'une bio de référence de Ugo Chavez .Prix Herralde à Barcelone pour son 1° roman « LA MALADIE » , Gallimard 2010 et prix Tusquets à Madrid pour « PATRIA O MUERTE », 2015. Ce livre était déjà dans les projets de lectures du Trapiche quand il a été publié en français chez Gallimard en 2018. On fait donc une petite exception à la règle qui veut qu’on n’évoque que des livres non traduits. La littérature vénézuélienne étant peu connue en France, cela en vaut la peine.

 

Le roman PATRIA O MUERTE de Alberto Barrera Tiszka fait se croiser un douzaine de Vénézueliens de tous milieux dans la ville de Caracas en folie lors de l'annonce de la mort du comandante Ugo Chavez, le leader populiste.

Nous avons ainsi Miguel Sanabria, cancérologue, dont l'épouse est anti-chaviste enragée, à l'opposé de son frère Antonio, haut fonctionnaire du régime  et de son neveu, qui lui confie une mystérieuse boîte de cigares cubains.

D'autre part Andreina Mijares veut récupérer son appartement, sans que ses locataires daignent répondre à ses appels pressants : Fredy Lecuna, journaliste au chômage, son épouse Tatiana et le petit Rodrigo. Pour sortir du marasme, le journaliste accepte d'écrire sur la maladie de Chavez et pour ce faire va se laisser embarquer dans un mariage blanc avec une coopérante cubaine, Aylen! Rodrigo correspond sur internet avec Maria, 9 ans, qui vit cloitrée avec sa mère par peur de la violence (chiffre officiel, 19 336 assassinats en 2012, soit un par heure).

L'histoire se corse lorsque la mère de Maria est assassinée en allant chez le dentiste et qu' Andreina engage trois militantes issues du pire bidonville pour réoccuper son appartement, pendant que Fredy est bloqué à la Havane sans obtenir le contact souhaité. La boîte de cigare confiée au cancérologue par son neveu contient le secret de la mort de Chavez, il n'est donc pas question de le révéler.

Cronique de la maladie de Chavez, opéré à La Havane du 11 X 2012 au 18 II 13, puis rentré à Caracas sans que personne ne l'ait vu, jusqu'à l'annonce de son décès le 5 III , ce roman nous en apprend plus sur la complexité du Vénezuela qu'un an de lectures de journaux français pour ou contre le chavisme. Il se situe dans le droit fil des romans sur la dictature, fondement de la littérature latino-américaine, de Tirano Banderas à La fiesta del Chivo, en passant par ceux de Fuentes, Garcia Marquez, etc.

Le charisme de Chavez est ici analysé jusque dans sa dimension magique (religiosité catholique mêlée de santeria et de marxisme, sortie de Bolivar de son tombeau dont il doit surgir tous les cent ans pour guider le peuple). Comme Marx le disait des romans de Balzac : un grand roman en apprend plus que bien des  traités d'histoire et de sociologie.

 

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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