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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
31 mars 2021

« La Redacciòn », de Martìn Bentancor. (par Antonio Borrell)

La redacción

Editorial Sudestada, Montevideo, 2010, 75 pages.

ISBN : 978-9974-8254-4-4

 

Martin Bentancor, est un auteur uruguayen que le Trapiche suit de près. Il est né en 1979 à Los Cerrillos une petite ville du département de Canelones, non loin de Montevideo, au  nord-ouest. Il vit encore dans cette région rurale où il exerce l’activité de journaliste et chroniqueur. Il participe aussi à des productions de documentaires. Il a publié quelques  recueils de nouvelles : ‘Procesión’ (2009) et ‘El aire de Sodoma’ (2012); ‘El despenador’ (2010) et ‘Montevideo’ (2012) et des romans : ‘La redacción’ (2010), ‘Muerte y vida del sargento poeta’ (2013), ‘El Inglés’  (Estuario 2015, prix national de littérature 2014) et ´La materia chirle del mundo´(2015), dont plusieurs ont été primés en Uruguay. « La Lluvia en el muladar » (Estuario, 2017). « Los colores primarios » éditions Màs Quiroga (2019), et « El fondo del quilombo » (Estuario, 2019). Sa nouvelle « Domination » est traduite en français dans l’anthologie bilingue « Histoires d’Uruguay » aux éditions Latinoir, en 2018.

C’est une « novella », forme peu courante en France, avec à peine 75 pages en petit format, pour nous raconter la fin, qui vire au tragique, d’un petit journal en pleine décadence. L’époque n’est pas clairement située, c’est au vingtième siècle sans doute, dans le dernier quart, et semblerait-il, du vivant de Graham Greene (1904-1991). Quant au lieu, c’est la vieille ville de Montevideo, mentionnée une seule fois. 

Le journal « Econòmicos Ciudad » est une de ces publications désuètes où le rédactionnel est un alibi pour publier des annonces légales et publicitaires. Malgré ça, il reste déficitaire et Mendietta le propriétaire, a tant de dettes que la liquidation est inévitable. Il embauche donc son beau-frère, Sanabia, un comptable veuf et déprimé, pour mettre à jour les livres du journal. Sanabia va donc faire la connaissance du microcosme que forme l’équipe de la rédaction. Le vieux Savedra, « éditorialiste en chef » bénévole qui passe aussi la serpillère dans les bureaux, madame Calabresi, la « chef du personnel », Verònica la secrétaire et Vinetas le « chroniqueur culturel » qui écrit exclusivement sur Graham Greene, dans tous les numéros du journal. Autant de personnages un peu pathétiques, aux fonctions dérisoires, dont l’activité n’a plus aucun sens, si ce n’est pour eux-mêmes. 

Le récit se divise en trois parties. Dans la première, Sanabia découvre peu à peu ses collègues provisoires, leurs rôles, leurs relations. Savedra est le plus remarquable, se prenant pour un redoutable éditorialiste avec ses diatribes grotesques. La deuxième partie est constituée de fragments du journal intime de Vinetas, dévoilant son amour sans espoir pour Verònica.

Abandonnés par Mendietta, leur patron absentéiste, les employés du journal sont les derniers à défendre sa survie. À la fin, après décision de justice, le local du journal se retrouve cerné par la police et le vieux Savedra, armé d’un revolver, retenant de forces ses collègues, se met à tirer par les fenêtres. Je ne dévoilerai pas ici qui mourra et comment s’achèvera le drame… Martin Bentancor crée en quelques pages une atmosphère et des personnages qui accrochent la curiosité, et même si ce n’est pas là son meilleur livre, c’est un moment de lecture plaisant. 

martin-bentancor

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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