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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
11 juillet 2019

"Washed Tombs", de Mercedes Estramil. (par Hélène Porcher)

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Editorial HUM, Montevideo, 2017, 120 pages.

ISBN : 978-9974-882-14-0

 

Mercedes Estramil, née à Montevideo en 1965, a fait des études de lettres à la « facultad de humanidades ». Elle est journaliste, collaboratrice des suppléments culturels La Semana, El Dìa, El País Cultural. Primée en 1994 par la ville de Montevideo pour un recueil de poésie « Angél sòlido », elle a ensuite publié plusieurs courts romans aux éditions HUM : Hispania Help (2009),  Irreversible (2010),  Rojo (Premio Nacional de Narrativa/EBO-Fundación Lolita Rubial, 1996; HUM, 2011) et son premier recueil de nouvelles Caja negra (HUM, 2014). Son plus récent roman « Washed Tombs», paru chez HUM en 2017, lui a valu le prestigieux prix « Bartolomé Hidalgo » en octobre 2018.  

 

Mercedes Estramil nous offre ici un conte cruel, sombre, que ne parvient pas à alléger le style teinté de dérision et d’humour noir. Elle y traque tous les stéréotypes et les dérives de la société uruguayenne pour mieux les disséquer comme au scalpel. Il en résulte un roman aussi court qu'intense. La narratrice parcourt Montevideo au volant d'une BMW qui n’a plus de luxueux que le nom tant elle se déglingue de partout. Elle y embarque le lecteur pour un road movie désenchanté, à travers les méandres des quartiers en déshérence de la capitale qui pour certains, portent des noms aussi artificiels que  Greensol ou New Paris, pour un va et vient entre le monde des vivants et celui des morts, où très vite il perd le fil, ne  sachant plus lequel des deux exploite et manipule l'autre, ni comment l'entreprise « Washed Tombs », qui donne son titre au roman, se met peu à peu à tirer les ficelles de cette danse macabre.  Il parcourt les univers sociaux de la ville, celui des écrivains, affairistes, marginaux, celui des familles,  dont la vacuité absolue est dépeinte avec froideur voire cynisme. 

L'auteur consacre enfin deux pages à la fascination qu'elle éprouve pour l’essai de Virginie Despentes « King Kong théorie », dans lequel celle-ci dissèque les présupposés aliénants de la relation sexuelle pour trouver une certaine forme de salut dans la prostitution.

Avec ce roman, Mercedes Estramil s'inscrit dans la lignée des écrivain(e)s féministes d'aujourd'hui qui, oeuvrant à la démystification des représentations archaïques, nous révèlent les décombres qui en résultent.

 

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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