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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
10 juillet 2017

“El Inglés”, de Martin Bentancor (par Antonio Borrell)

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Estuario editora, Montevideo, 2015,  130 pages.

ISBN : 978-9974-720-11-4

Martin Bentancor est né en 1979 à Los Cerrillos une petite ville du département de Canelones, non loin de Montevideo, au  nord-ouest. Il vit encore dans cette région rurale où il exerce l’activité de journaliste et chroniqueur. Il participe aussi à des productions de documentaires. Il a publié quelques  recueils de nouvelles : ‘Procesión’ (2009) et ‘El aire de Sodoma’ (2012); ‘El despenador’ (2010) et ‘Montevideo’ (2012) et des romans : ‘La redacción’ (2010), ‘Muerte y vida del sargento poeta’ (2013), ‘El Inglés’  (Estuario 2015, prix national de littérature 2014) et ´La materia chirle del mundo´(2015), dont plusieurs ont été primés en Uruguay. Enfin, « La Lluvia en el muladar » (Estuario, 2017)

Les récits de Martin Bentancor ont souvent pour cadre la « Tercera seccion » nom administratif de sa région d’origine, sur les bords de la rivière Santa Lucia, pays d’élevage et d’agriculture comme l’est une grande partie de l’Uruguay. Il ajoute ainsi un territoire à l’atlas littéraire construit par bon nombre d’écrivains latino-américains, et non des moindres.

Deux histoires s’entrelacent dans ce court roman : celle d’une veillée funèbre qui s’étire tout au long de la nuit et celle de l’Anglais (El Inglés), que raconte à ses compagnons le vieux Samurio, un des participants à la veillée. Dans cette petite localité où tout le monde se connait, ils se retrouvent à veiller le vieux Ferreira, agriculteur dur à la peine, retrouvé mort dans un champ à côté de son tracteur. Les heures passant, ils ne sont plus qu’une poignée autour du cercueil. Il y a le gendre de Ferreira, « el gordo » dont l’épouse dort dans la chambre voisine et qui se retrouve dans la situation du maitre des lieux, en charge d’abreuver ses invités. Il y a aussi Fagundez et Samurio, et l’instituteur rural qui reçoit régulièrement, sans pouvoir y répondre, des SMS de sa maitresse, une femme mariée, dont l’époux légitime est aussi venu rendre hommage au mort.   

Le vieux Samurio, entouré de ses auditeurs qui luttent contre la fatigue, leur raconte l’histoire de l’Anglais, dont la rumeur locale dit qu’il aurait été le père du mort, le vieux Ferreira. Son récit est régulièrement interrompu par la nécessité de reprendre une boulette de tabac à chiquer, ou de remplir les verres, jusqu’à ce qu’un auditeur réclame la suite. On remonte ainsi jusqu’aux années 1920 où William Collingwood fait irruption dans cette région peu habituée à voir des étrangers, surtout s’ils arrivent à bord d’une Ford T conduite par un domestique chinois. Son intégration dans la population locale s’avère difficile car l’Anglais, après avoir acheté des terres et construit une maison sur les rives de la Santa Lucia, se lance dans l’élevage bovin, tout en critiquant l’arriération des éleveurs autochtones. Le Chinois, quant à lui, outre la conduite automobile, maitrise parfaitement les arts martiaux, ce qui lui permettra un jour de faire sensation en venant à bout en quelques secondes de  quatre gauchos mal intentionnés ! Cet épisode et quelques autres, (vols de bétail, rivalités entre éleveurs), donnent une petite touche de « western austral » à l’histoire. Au bout de la nuit on connaitra la vérité sur l’origine du vieux Ferreira et viendra l’heure de le mettre en terre…  

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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