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LES LETTRES DE MON TRAPICHE
4 avril 2019

"El miserere de los cocodrilos", de Mercedes Rosende. (par Antonio Borrell)

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Editorial Estuario, Montevideo, 2016, 225 pages.

ISBN : 978-9974-720-21-3

Mercedes Rosende est une juriste uruguayenne née à Montevideo en 1958: spécialiste en processus électoraux, elle a effectué des missions d’observation dans de nombreux pays, notamment en Haïti. Elle a également été  syndicaliste, enseignante, et chroniqueuse dans divers médias. Elle est aussi francophone, amoureuse de la France et de ses fromages. Ses livres lui ont déjà valu d’être invitée par divers festivals de littérature policière en Argentine, Espagne et Colombie. Elle a été primée en Uruguay et en Argentine. Son oeuvre se caractérise par un ton sarcastique, un humour noir et une certaine liberté vis à vis des codes du genre. 

Bibliographie  partielle : Demasiados blues (La Gotera, 2005, Premio Municipal de Narrativa), La muerte tendrá tus ojos (Premio Nacional de Literatura/ MEC; Sudamericana, 2008), Mujer equivocada (Sudamericana, Random House, Montevideo, 2011; Código Negro, Buenos Aires, 2014; El Búho de Minerva, Valencia, 2016, Hum, Cosecha Roja, Montevideo, 2017).Crónica Haití. Crónica de un suburbio de la capital: Arrabal amargo (02/02/2016), El miserere de los cocodrilos (Hum, Cosecha Roja, Montevideo, 2017) est publié en allemand en 2018. « Mujer equivocada » sera prochainement adapté pour le cinéma et tourné à Montevideo. 

 

Ce livre est la suite directe de «Mujer equivocada» : l’action reprend à peine un mois plus tard. Germàn, le kidnappeur raté se trouve en prison en attente de jugement. C’est alors que le quiproquo du livre précédent rebondit en sa faveur, lui valant la possibilité d’une libération rapide. Tout repose sur une homonymie entre deux « Ursula Lopez » ayant toutes deux une histoire familiale compliquée. Ainsi le lien entre les deux histoires est construit d’une façon assez ingénieuse. Dans sa prison, Germàn côtoie un caïd qui le terrorise, Ricardo « El Roto ». Celui là est enfermé pour le meurtre de la tante d’une des deux Ursula, tandis que Germàn a participé à l’enlèvement du mari de l’autre, mais a été trahi par son complice qui a pris la fuite… 

Un avocat pourri, Antinucci, catholique pratiquant, qui vit dans un beau quartier et roule dans une Audi A6 dont les sièges en cuir sentent encore le neuf, veut organiser le braquage d’un fourgon blindé. À cette fin il va favoriser l’évasion de Ricardo lors d’une audition au Palais de justice, et la libération de Germàn grâce à un témoignage d’Ursula Lopez le disculpant. Les deux détenus retrouvent donc leur liberté, Ricardo avec l’intention de régler son compte à une Ursula Lopez, Germàn avec celle de prouver sa reconnaissance à l’autre Ursula Lopez. Mais ils sont liés par leur dette envers Antinucci. 

La voix narratrice, extérieure aux évènements, les commente avec ironie, prenant régulièrement le lecteur à témoin, et donnant cette touche d’humour sarcastique propre aux romans de Mercedes Rosende. 

Ursula Lopez, principale protagoniste de « Mujer equivocada » est un peu moins centrale dans ce deuxième roman, mais toujours bien campée avec ses névroses, sa solitude, sa boulimie, sa manie d’épier ses voisins et son conflit intérieur avec le souvenir omniprésent de son père qui ne cessait de l’humilier et la harceler depuis l’enfance. Habitant toujours l’appartement familial, plein de mauvais souvenirs, dans la vieille ville de Montevideo, elle consacre son temps à espionner l’autre Ursula Lopez, dont elle a découvert l’existence lors de l’affaire de l’enlèvement du mari… Ce deuxième épisode est l’occasion de faire apparaitre un nouveau personnage, la commissaire Leonarda Lima qui, au sein d’une police rongée par la corruption, essaie de faire avancer son enquête sur les méfaits de Ricardo et quelques affaires connexes, dont un meurtre commis en prison… 

C’est alors, à la fin de la première partie, que l’autre Ursula est assassinée par une silhouette non identifiée, alors qu’elle venait de se plaindre à la police d’être surveillée par deux inconnus.

Dans la deuxième partie, le tempo accélère, c’est l’attaque du fourgon blindé, détaillée presque minute par minute: lance roquettes, armes de guerre, massacre des convoyeurs, et c’est alors qu’Ursula surgit pour s’enfuir avec le butin en compagnie de Germàn ! On ne dévoilera pas ici toutes les péripéties qui s’enchainent, mais la fin très ouverte laisse présager un troisième volume d’aventures pour cette anti-héroïne dont on découvre peu à peu le passé très chargé…

Un autre agrément de ces romans, situés avec précision dans l’Uruguay contemporain, est qu’ils nous plongent dans cette réalité crue, quartier par quartier, rue par rue, dans la « Ciudad Vieja » et la zone portuaire, sur la « Rambla », dans les quartiers les plus pauvres et les plus « chics », nous donnant une vision de l'Uruguay un peu moins idyllique que celle qui nous est parfois vendue…

 

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  • Comptes-rendus de lectures (en français) sur des auteurs et livres d'Amérique du Sud non traduits en français. Blog créé et géré par un auteur péruvien (J. Cuba-Luque), un français (A. Barral) et une traductrice (L. Holvoet). Trapiche : moulin à canne
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